Vendredi 28 juin, au Centre Aquatique Béatrice Hess à Riom (Puy-de-Dôme), Alexandre Roccuzzo, Directeur de l’ Ecole d’ Art de Riom, va nous éclairer sur les corrélations entre l’art et le sport.
Les spectateurs participent à cette conférence dans le bassin d’apprentissage, une manière originale de se détendre et de s’enrichir à la fois. Douceur de vivre un soir d’été au son d’une voix qui nous transporte dans un univers atypique et impressionnant. Alexandre Roccuzzo évoque la notion de règle puis celle de performance. Ainsi , dans l’art, si des règles sont définies, elles le sont dans le sport aussi.
Même s’il existe une forme de liberté chez l’artiste, elle n’est pas sans contrainte. Souvent l’artiste va se dépasser afin d’atteindre son propre objectif. Le sportif, lui, n’a de cesse de se surpasser en vue d’atteindre un résultat probant. En l’occurrence, il s’agit de performance, d’une victoire par rapport à un adversaire.
Quant à l’artiste, à force de faire, de défaire, de tâtonner, il va finir par toucher l’inattendu, l’indicible. En cela , l’art est synonyme de performance. L’art associe aussi le terme performance pour caractériser un mode d’expression contemporain dans lequel l’œuvre est le déroulement d’une mise en scène, d’un ensemble de gestes. De fait, Olivier Dollinger, dans une performance vidéo, va observer la solitude du body builder, lui demandant de déambuler dans une pièce. N’est-ce pas une façon d’admirer un corps, une sculpture vivante.
De surcroît, les culturistes ne sont- ils pas des sculpteurs qui se sculptent eux-mêmes? Alexandre Roccuzzo s’intéresse aux sports à composante artistique tels le patinage et la gymnastique rythmique et sportive. Ces sports naviguent entre performance physique et performance artistique, la beauté du geste pouvant devenir plus importante que le résultat. Le skateboard, sport de rue, possède aussi une dominante artistique car le skateboarder sait décrypter la rue pour créer des figures sur des sculptures existantes.
La conférence s’appuie sur les œuvres d’art qui représentent le sport dans la période contemporaine. Certains artistes sont nommés. Marina Abramovic fait partie du courant artistique de l’art corporel, dans une sorte de mise à l’épreuve des hommes, voire des performances de l’extrême.
En 1913, Umberto Boccioni a peint » Dynamisme d’un cycliste « , une toile abstraite, symbolisant l’intérêt futuriste pour la vitesse.
En 1952, Nicolas de Stael a peint le » Parc des Princes », œuvre majeure d’une puissance absolue.
En 1967, David Hockney a réalisé » Bigger Splash », troisième toile d’une série sur le thème des piscines, vision idéale de la Californie de la fin des années 1960.
D’ autres artistes se sont inspirés du sport pour créer (Richard Fauguier, Auguste Rodin…)
En résumé, le sport attire l’artiste lui-même en quête de mouvement, son pinceau voulant éterniser un instant , un morceau de vie.
Alexandre Roccuzzo a développé sa question « L’ art est-il sportif ? »avec une aisance parfaite. Quand on sait que le sport et l’art sont liés, on repense nos vies,on vise l’élan plutôt que la passivité. On se réinvente sans chercher la performance, on apprend à découvrir nos capacités enfouies.
Merci à Alexandre Roccuzzo pour cette pause lumineuse au sein d’une piscine exceptionnelle.
Une expérience à renouveler, un moment exquis, sachant que l’art comme le sport sont au cœur de la société.
Véronique Villard
Chroniqueuse aux Écrivains sportifs
