Plusieurs auteurs et autrices proposent un livre intitulé « TOUT N’EST PAS FOOTU ! », un titre en adéquation parfaite avec son contenu.
La couverture reflète le thème central de l’ouvrage. Par le choix de ses couleurs, la typographie du titre interpelle. Envie de lire l’introduction, oui. Indéniablement ! Et, très vite, une phrase de Sébastien Thibault nous transmet son souffle de beauté : « Elle s’est faufilée à pas feutrés pour saccager ma chambre d’enfant et siffler la fin de la récré. » Elle ! Il s’agit d’une pensée où l’auteur se dit qu’il est complètement con d’aimer le foot. Sauf que la suite de l’ouvrage nous invite à découvrir le foot autrement, à lui donner une dimension nouvelle au sein de nos vies.
Publié en 2024 aux Editions Solar, ce livre vient donc redéfinir notre conception du ballon rond. Comment se vit l’antifascisme autour du football ? Quelles sont les valeurs que cette discipline doit véhiculer ? Ce faisant, retenons les termes « émancipateur », « populaire », festif ». Comment nier l’évidence d’une société footballistique fondée sur la rencontre, sur l’accueil de chacun, sur l’intégration progressive des femmes jusqu’à leur médiatisation (aujourd’hui encore fragile), sur la présence des supporters en tant qu’entité… De quelle manière intervenir contre l’ultralibéralisme propre à l’industrie du ballon rond ? Telles sont les problématiques abordées dans cet écrit, lesquelles nous éclairent et affinent notre propre réflexion…
Merci à Barnabé Binctin pour cette phrase lumineuse qui inscrit le football dans une forme de thérapie : « Le football est en tout cas certainement l’un des baumes les mieux partagés pour panser, au moins le temps de quelques passes, les plaies de l’exil. » Respect à Hind Boukhatem pour sa définition tangible du rôle de supporter dans les clubs : « Aujourd’hui plus que jamais, les supporters ont un rôle à jouer pour faire évoluer les clubs de l’intérieur, afin de renouer avec les valeurs populaires du football et de continuer à en faire un lieu d’intégration sociale, un outil multiculturaliste et d’expression politique. » Par le biais de son propos, François Michel déroule une vérité avec grâce : « Le lien sensible et charnel qui lie le supporter à « son » stade remonte précisément à ce qui l’attache à ce jeu lui-même… »
Quant aux titres, ils sont pertinents et synthétisent parfaitement l’analyse de chaque auteur, toujours écrite avec une plume percutante et limpide. En tant que sportive, néanmoins novice en matière de football, j’ai apprécié la force de ce livre, adhérant véritablement avec son contenu.
Le foot n’est-il pas un art qui doit se vivre avec élégance ? Ne faut-il pas oublier sa part d’ombre pour le voir uniquement dans la lumière ? Rien n’est figé. Le ballon rond est juste porteur d’espoir, à la fois objet de désir et de transmission.
Seulement cet ouvrage s’adresse à un public privilégié. Pourquoi ne pas s’en inspirer pour écrire un livre plus ludique, s’adressant à tous les amoureux de cette discipline sportive, lettrés ou pas… Simple suggestion qui pourrait devenir réalité, plaçant ainsi ses auteurs sur le devant de la scène… Cet écrit n’en demeure pas moins une réussite, voire un pur joyau de réflexion que je recommande à tous les écrivains sportifs.
Par Véronique Villard