Jean-Paul Vespini propose un essai intitulé » Zola à bicyclette « , un titre sobre et informatif qui accroche le regard. En outre, la typographie utilisée y participe grandement. La couverture, simple, épurée, reflet d’un choix judicieux, transmet l’essentiel. Publié en 2024 aux Éditions Arthaud, ce livre prolonge avec brio l’œuvre de l’auteur.
D’ emblée, l’incipit plonge le lecteur dans un contexte particulier où le rythme joue un rôle crucial. Cet essai présente Zola et sa passion pour la bicyclette, Zola se découvrant tout autre grâce à ce moyen de transport qui lui permet de s’ aérer l’esprit, mais aussi d’apaiser ses maux. À vélo, l’ homme vole sans s’envoler, une façon de s’abstraire d’un quotidien où l’intellect demeure très sollicité. Effet curateur, métamorphose d’un soi le temps d’un pédalage…La pensée s’efface pour laisser place à une forme de décompression entre deux bouffées de vent. En revanche, la bicyclette ne séduit pas qu’un Zola. Artistes, hommes de lettres, aristocrates deviennent aussi des adeptes. Les femmes, elles, se libèrent grâce à cette nouvelle pratique. La bicyclette devient-elle un art de vivre ? Zola en est-il l’instigateur ?
Jean-Paul Vespini écrit Zola avec une telle grâce que ses phrases résonnent à l’infini. Les lire, les relire c’est se sentir aussi heureux que Zola sur son vélo, c’est découvrir l’homme autant que l’écrivain, c’est élargir son champ culturel. On traverse les mots de Jean-Paul comme on traverse une vie. Il s’agit d’un livre mémorable, d’une œuvre qui s’inscrit parmi les meilleures sur le lien sport- écriture. Si » l’écrivain et le cycliste ne faisaient plus qu’un « , l’auteur emprunte à merveille la peau de Zola l’espace d’un temps d’écriture.
Par Véronique Villard