Exceptionnellement, j’ai souhaité téléphoner à Francis Meignan, soucieuse d’échanger avec lui sur son essai » Ces dames d’ Ovalie ». Cet entretien très instructif m’ a offert un éclairage unique sur la réflexion et les intentions de l’ auteur.
. Qu’ est-ce qui vous a motivé à écrire cet essai ?
J’ai souhaité reconnaître aux femmes la place qui leur revient dans le rugby 🏉.
. Avez -vous trouvé le titre avant de rédiger?
Initialement, le titre était » Les dames d’ Ovalie » , mais sur le conseil de mon Éditeur, je l’ai changé en » Ces dames d’ Ovalie », une formulation plus précise.
. Ce livre a- t- il fait l’objet de nombreuses recherches ?
Oui, il est le résultat de 5 années de recherches approfondies. J’ai cherché à accumuler toutes les informations disponibles sur chaque joueuse.
. Avez -vous préparé un plan avant de vous adonner à l’écriture ?
Effectivement, j’ai élaboré un plan, fruit d’une collaboration soutenue avec mon Éditeur.
. Quelle est votre singularité ?
Ce qui me distingue, c’est mon regard particulier sur les personnes derrière les joueurs, hommes comme femmes.
Ce regard se veut avant tout humaniste.
. Si vous deviez résumer votre livre en une phrase, que diriez-vous?
Je m’adresse aux joueuses: » Tout ce que vous accomplissez aujourd’hui est rendu possible grâce au courage et à la persévérance de celles qui vous ont ouvert la voie. »
. Deux mots pour résumer votre essai : lesquels vous viennent à l’esprit ?
Dames d’ Ovalie.
. En conclusion, que souhaiteriez-vous ajouter ?
Au- delà de l’aspect commercial, cet ouvrage fait réfléchir sur la situation des femmes dans tous les domaines.
Francis Meignan, historien du rugby, propose un livre intitulé » Ces dames d’ Ovalie « , un titre concis, un brin poétique, en adéquation parfaite avec l’essai proposé.
La couverture choisie par l’auteur suscite l’intérêt du lecteur, la passe incarnant l’essence du rugby. Publié en juin 2025 aux Éditions Le Pas d’oiseau, cet essai enrichit brillamment l’œuvre de l’auteur. L’introduction nous éclaire déjà sur les intentions humanistes de l’homme. Raison pour laquelle la lecture de cet ouvrage s’est imposée avec évidence. » Ces dames d’ Ovalie » nous entraîne au coeur de l’histoire du rugby féminin français de 1982 à 2024. Ce n’est pas seulement une chronique de matchs et de dates, mais le récit de femmes courageuses qui ont fait rayonner le rugby en France.
Bref, bien plus qu’un simple récit sportif, ce livre célèbre les pionnières du rugby français face aux obstacles sociaux et institutionnels.
Cet essai se structure autour de plusieurs axes complémentaires.
. Introduction historique
. Portraits de joueuses qui ont porté le maillot
. Fiches de matchs reconstituées
À présent, il me paraît crucial de mettre en lumière chacun de ces axes pour en dégager l’essentiel.
À ses débuts jusqu’en 1985, l’équipe de France féminine de rugby se mesurait uniquement aux Pays-Bas lors d’un rendez-vous annuel. Créée en mai 1984, la Fédération Française de rugby féminin succédait à l’ AFRF.
Par ces propos, Francis Meignan se singularise par sa force factuelle…
Athlète de haut niveau mais novice en rugby, Marie-Céline Bernard devint vite incontournable : demi d’ouverture, buteuse et capitaine. De 1991 à 1995, elle entraînera l’équipe de France féminine. À noter également Wanda Noury, manageuse dévouée qui gérait tout : logistique, transports et même couture des écussons. La » nounou » de l’ Équipe, toujours présente pour ses joueuses. Grâce à Francis Meignan, les sportives apparaissent vivantes et admirables, ce dernier valorisant leur action et leur rôle concret. De surcroît, la neutralité du ton laisse au lecteur le soin d’apprécier la force de ces deux femmes…
Le 21 janvier 2000, le ministère des Sports, dirigé par Madame Marie-George Buffet, a enfin reconnu le rugby comme sport de haut niveau, un geste perçu par Wanda Noury comme une évolution positive alors que l’équipe française allait disputer son deuxième tournoi des Cinq Nations. Par son objectivité, Francis Meignan engage le lecteur à s’approprier le récit. Le ministère de la Jeunesse et des Sports a consenti un investissement important pour donner un nouvel élan au rugby féminin.
Mesures clés: création d’une Équipe de France jeunes, lancement de sélections régionales, adoption d’un ballon taille 4, primes de 500 à 5000 euros et soutien des employeurs.
Dans ces informations, l’auteur se concentre sur une approche informative et objective. Il fait preuve d’une clarté admirable et d’une maîtrise parfaite des données.
Comment ne pas citer ces dates cruciales dans l’histoire du rugby féminin :
. Organisation de la coupe du monde en France (2014)
. Introduction du rugby à 7 aux Jeux Olympiques à Rio de Janeiro( 2016)
Ici encore Francis Meignan nous soumet l’essentiel.
» Sans club, il n’y avait ni équipe de France féminine, ni rugby féminin. »
Par le biais de cette formulation catégorique, l’auteur s’impose par la force tranquille de ses convictions.
Les clubs ne sont-ils pas le coeur battant du rugby féminin ?
Ne sont-ils pas le socle de notre sport?
« Après quarante-deux ans de vie, l’équipe de France de rugby à 15 se partage , avec l’équipe de rugby à 7, l’affiche du rugby féminin en France. »
Derrière cette phrase sobre, se dissimule une mémoire, une mutation, un partage d’affiche. On constate un glissement historique. Deux visages désormais pour incarner la même histoire. Promesse d’un bel avenir, le rugby féminin a grandi.
Merci à Francis Meignan de mettre en avant une lumière plurielle. L’affiche ne s’ouvre- t- elle pas comme un horizon qui se dessine à deux voix ?
« Elles ont porté le maillot »
Avec ce titre, Francis Meignan honore la dimension féminine.Nest- ce pas un titre hommage, un rappel que chaque maillot porté est une victoire silencieuse, une victoire qui traverse le temps et l’oubli.
Du pilier expérimenté au jeune talent, chaque maillot porte une histoire, chaque sélection un souvenir. Certaines joueuses cumulent de nombreuses sélections, d’autres moins. Néanmoins, ensemble, elles forment un collectif où chaque présence compte. Difficile donc de toutes les nommer, mais chaque flamme singulière est devenue étoile dans la mêlée.
. Voici quelques noms, ce qui n’enlève rien aux autres joueuses, simples et tenaces, honorables et courageuses.
. Agricole Sandrine
84 sélections.
Deux fois capitaine.
Championne d’ Europe en 2004.
A remporté le grand chelem en 2004, 2005 et 2014.
Kinésithérapeute, elle a découvert le rugby en classe de 5e.
Ici, l’auteur adopte une écriture proche de la notice biographique. Ce ton confère à la description une valeur d’archive. Le discours est fiable, dépourvu de subjectivité. Le lecteur mesure l’importance d’une carrière par la nudité des faits, sans les accompagner d’effets de style.
. Alaphilippe Anne
45 sélections.
Championne d’ Europe en 1988, 1999 et 2000.
Capitaine de l’équipe de France qui participa à son 1er tournoi des 5 Nations.
Une des pionnières du rugby féminin international.
» Nous avons bien fait d’insister », dit Anne.
L’emploi de ce pronom montre une célébration collective.
Cette citation apporte un poids émotionnel, créant un lien empathique avec le lecteur.
Simplicité et impact de la phrase, mémorable pour ce dernier.
. Autret Odile
34 sélections.
5 fois capitaine.
Championne d’ Europe en 1999.
Professeur d’éducation physique.
Elle rentra dans le sport par le judo( championne de France)
Avec ce portrait, Francis Meignan utilise un style d’éloge discret. Le rappel de son passé en judo souligne qu’elle a une formation de combative.
» Ces dames d’ Ovalie » réussit à allier rigueur documentaire et récit humain. On ressort de cette lecture avec une meilleure compréhension du parcours des femmes dans le rugby.
C’est un ouvrage essentiel pour ceux qui s’intéressent à l’histoire du sport féminin et à la lutte pour l’égalité.
Bravo infiniment à Francis Meignan. Sa plume juste et authentique, sa droiture intellectuelle font de lui un auteur singulier qui mérite d’être découvert.
Par Véronique Villard
