Zoom sur le magazine « Sphères » consacré au monde de la natation

Sobre et évocateur, le titre « Les nageurs » invite à explorer à la fois la performance sportive et la dimension humaine des protagonistes.

1.L’article « Indissoluble » présente Federica Pellegrini, star de la natation italienne, retraçant ses succès olympiques et ses défis personnels, et souligne la valeur de chacune de ses expériences. Federica rappelle que, malgré la fatigue et les sacrifices, les victoires, même brèves, donnent tout leur sens aux efforts des athlètes. Aujourd’hui à la retraite, elle retrouve dans la natation le plaisir pur du sport, loin des contraintes et de la pression compétitive.

2. Dans un grand entretien, Philippe Lucas, entraîneur emblématique de natation, propose un regard sur l’homme derrière la méthode et la carrière.
Il explique que sa passion pour l’entraînement a toujours été présente, précisant qu’il aurait pu exercer dans un autre sport, comme le football.
Puisque chaque nageur exige une approche adaptée, il veille à rester un pas devant chacun d’eux, encadrant cette année 22 à 23 athlètes avec attention et bienveillance, tout en restant attentif à la dynamique du groupe en toutes circonstances. D’ailleurs, dès qu’il observe un nageur plonger et entrer dans l’eau, il sait immédiatement si celui-ci est en forme.
Ainsi Philippe Lucas se montre à la fois passionné, rigoureux et perspicace, capable de juger instantanément l’état de ses joueurs.

3.Selon mon interprétation, le titre, Sous les sommets, la nage, dit  l’harmonie entre la grandeur immobile de la montagne et le flot mouvant de l’eau, comme si l’âme elle-même se laissait porter entre élévation et profondeur.
Le reportage de la revue nous plonge au cœur de la semaine type des nageurs du CNEA. Entre 16 et 20 ans, ces jeunes nageurs semblent encore fragiles, mais leur vie est entièrement millimétrée:
Entre quatre et cinq heures de sport par jour. Tests réguliers et suivi quotidien du sommeil.
Bref, chaque instant est dédié à la performance. Même les cours de mathématiques le matin n’interrompent pas cette cadence…
Perché à 1800 mètres au cœur de la forêt des Pyrénées-Orientales, le Centre national d’entraînement en altitude de Font-Romeu impose un cadre où la jeunesse se mesure à l’aune de l’exigence et de la performance. Mais derrière cette discipline rigoureuse, chaque nageur a été soigneusement sélectionné: sur la base de son chrono, de son potentiel, et d’un niveau déjà élevé, national ou international, selon Philippe Schweitzer, entraîneur au CNEA.
D’après Philippe Schweitzer, les nageurs doivent apprendre à donner du sens à leurs gestes et à devenir acteurs de leur propre performance, et non de simples consommateurs des entraînements.
En conclusion, Philippe Schweitzer est un entraîneur exigeant et méticuleux, toujours attentif aux moindres détails, et très impliqué au bord du bassin.

4. Lore Stessel explore la danse des corps sous l’eau. Formée à la peinture avant son master en photographie, elle capte le mouvement fluide et libre du nageur, transformant chaque geste en une chorégraphie où la gravité s’efface et où le corps semble danser avec la lumière et l’eau.
Écrin de silence, la photographie proposée dialogue avec nos émotions…

5. Puis, au fil des lignes, on découvre que Roxana Maracineanu a toujours nagé entre deux rives: celle de son pays d’origine, la Roumanie, et celle de la France, entre bassins Olympiques et responsabilités au-delà du sport. D’un bref coup d’œil, Roxana évalue un jeune dossiste et délivre une réplique précise et directe: « trop de battements ».
Ainsi montre-t-elle son expertise et la justesse de son jugement. Aux Jeux Olympiques de Sydney en 2000, cette dernière, favorite pour l’or, termine deuxième et entend l’hymne de son pays natal. Ses parents réussissent malgré tout à la voir nager au plus haut niveau.Entre performance et émotion, ce moment illustre la force et les défis de sa carrière.
Roxana Maracineanu devient ministre des sports en 2018 et lance, avec Alain Bernard, le Plan national d’aisance aquatique pour faciliter l’apprentissage de la natation.
Humaniste, cette femme nage entre les eaux de la compétition et celles de l’empathie, toujours fidèle à ses valeurs.

6. Soudain surgit une série de photographies de la photographe américaine Caroline Tompkins, des clichés pris en 2016 à la piscine où elle pratiqua la natation en compétition. Tandis que certaines images dégagent une mélancolie tendre, d’autres révèlent un humour subtil, qui fait sourire sans jamais briser la délicatesse de la série.

7. Bientôt apparaît un nouvel article intitulé »Le grand bien ».   N’est-ce pas le grand bain de l’âme?

Le texte décrit l’ivresse qui monte doucement avec les longueurs et les reflets mouvants. Au sortir du bassin, Cathy Karsenty se compare à une Nina Simone, invincible femme. Sans hésitation, Monica Sabolo voit un lien évident entre la natation et l’écriture: longueur après longueur, signe après signe chaque matin, elle retrouve un rythme similaire entre les deux pratiques.

8. Parmi « Extraits choisis », il me semble intéressant de mettre en lumière Gilles Bornais lorsqu’il observe que « l’exercice de la nage enseigne l’acceptation de ses limites.

La revue séduit par la variété et l’excellence de ses articles, chacun réfléchi et finement élaboré. Chaque page ravit par son équilibre typographique et sa présentation, où forme et contenu se répondent avec harmonie. Esthétisme à l’état pur: les photographies subliment parfaitement la revue.

Par choix personnel, j’ai présenté certains articles de la revue, sans chercher à être exhaustive, afin d’en restituer l’esprit et la diversité.
Je recommande la lecture de cette revue d’une belle vitalité intellectuelle, à la fois claire, ouverte et profondément humaine.
Ecrin de pensée? Bain de finesse?
Pourquoi pas les deux…

 

Par Véronique Villard

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