Zoom sur :  » Le nageur » (Gallimard) de Pierre Assouline

Lauréat des Prix de l’AES 2023, Pierre Assouline propose un récit intitulé  » Le nageur » , un titre accrocheur puisqu’il porte en lui une percutante simplicité. La couverture transmet déjà une véritable émotion grâce au choix approprié de la photo. Publié en mars 2023, ce livre marque une étape cruciale dans l’œuvre de l’auteur.

Lire l’incipit c’est déjà s’interroger sur le destin d’ Alfred Nakache: Si je le revois je le tue, phrase concise,  figure d’ insistance dans le récit, crée un suspense tangible même s’il ne s’agit que d’une biographie,  d’où l’ immense talent de Pierre Assouline. Le nageur dépeint le destin hors du commun d’ Alfred Nakache, sportif de haut niveau , qui vécut les affres de la déportation. Lire ce récit c’est prendre conscience que l’individu,  face à l’adversité, peut faire preuve d’une résistance démesurée, qu’il peut traverser l’obscur sans jamais se lamenter. Lire « Le nageur » c’est s’aventurer dans un voyage émotionnel où le sport se mêle à la vie, une vie où l’opacité parfois prévaut… J’ai retenu avec émotion ces mots définissant Alfred Nakache:  » Voilà un homme qui habite son corps. »

J’ai lu, relu ces phrases, m’interrogeant sur cette corrélation manifeste : « Nager, danser. La natation n’est pas qu’ effort mais chorégraphie. » J’ai acquiescé à l’idée que le sport peut devenir un art. Tâtonner,  toujours revenir à la tâche, prolonger l’élan :  » Le sportif de haut niveau ne finit pas quelque chose mais poursuit son inachèvement. En cela,  Nakache est bien un artiste. » L’essentiel est dit dans ces mots qui résument parfaitement le ressenti d’un nageur:  » Qui nage se sent détaché de l’ordinaire de la vie. » Dans le destin du Nageur,  le pire s’insinue. Plus fort que lui, la loi reste incontournable.   » Inutile de guetter la possibilité d’une larme dans l’œil de la loi. »Ce récit,  pur instant de grâce,  s’adresse à  tous. Le lire c’est vouloir cueillir l’ombre autant que la lumière là où rien n’est jamais acquis.  Il s’agit d’une ode vibrante à la vie, à la volonté de vivre.  Avec toute mon admiration pour Pierre Assouline qui maîtrise la phrase dans tous ses états par le biais d’une écriture fluide et habitée.

Don de soi, écriture- émotion, écriture- expérience…

Par Véronique Villard

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